le violet c'est ça ? le rouge et le bleu. je pense que tu vis de toutes ces nuances, et que tu es plus ou moins rouge, et plus ou moins bleu.
le secret de Terabithia. pourquoi c'est si dur de grandir, pourquoi ça me rend si triste. j'ai toujours eu ce sentiment de décevoir ma moi d'avant. aujourd'hui de moins en moins, parce que je suis fière de qui je suis devenue, et de la façon dont je me construis. mais tant de choses me manquent... pourquoi est-ce qu'on a cette sensation que le pouvoir qu'on avait étant plus jeune nous file entre les doigts aujourd'hui et qu'il nous est même étranger ?
c'est comme si on passait une porte, et qu'à son passage, on perdait tout d'avant. ça me fait tant rêver tous ces mondes imaginaires et ça me rend si triste en même temps de ne pas pouvoir y être. ça me rend si envieuse de voir tous ces enfants avec tant d'imagination et ça me parait si loin que j'en viens à me demander si cela m'était déjà arrivé d'en avoir autant. c'est une douleur inexplicable, si prenante, mais qui paradoxalement résonne en moi comme un écho, un appel trop lointain dans le vide qu'il crée en moi. j'aimerais vivre dans un autre monde parfois, comme eux. pouvoir avoir des amis avec qui partager ça, et juste m'évader de la réalité dans un endroit qui ne serait qu'à nous. j'aimerais comprendre pourquoi ce sentiment est si fort "normal".
j'ai encore du mal avec cette remise en cause de ce que je ressens. j'ai fais la paix avec des montagnes russes, avec ces coups de blues et ces crises de pleurs. je ne les chasse plus, je ne les dénigre plus. ils arrivent, par moment, et c'est comme ça. c'est ce que je suis, et c'est beau.
j'ai l'impression de ne pas avoir trouvé des personnes avec qui je m'épanouie complètement. non pas que mon entourage ne me convienne pas, mais j'sais pas, j'ai l'impression de ne pas avoir ce que je veux. que toute cette imagination dont j'ai besoin, cette part de rêve éveillé qui me grossit le coeur et qui me fait sentir vivante est inatteignable toute seule. je ne sais pas comment l'atteindre. je ne sais plus comment m'évader. tout semble tellement terre-à-terre autour de moi. je m'y sens perdue. il m'arrive de me voir comme dans un reflet, effacée, inachevée.
bien sûr, bien des choses me font vivre, vibrer et animent mon coeur comme rien d'autre. mais je me rend compte que bien souvent, il s'agit de la fiction des autres. est-ce que c'est ça, alors ? est-ce qu'on est condamné à vivre de l'imagination des autres, quand on franchi la porte ? est-ce qu'il y a vraiment une porte ? ou est ce que l'on perd les choses petit à petit, comme si l'on devait se déshabiller, à mesure qu'on était contraint d'avancer dans la vie.
comment s'évadent-ils, eux, ces écrivains, ces poètes, ces artistes, ces faiseurs de rêves ? leur imagination leur suffit-elle ? je ne pense pas. à mon avis, l'imagination est si vaste qu'on ne peut vivre sans profiter de celle des autres. pour sûr, ils alimentent la notre et je suis certaine qu'elles agissent comme un réseau, que chaque interaction provoque un effet sur elles. pourtant, les personnes qui alimentent mon imagination me sont en réalité inconnue. et je le leur suis d'autant plus. elles partagent avec moi quelque chose que je ne peux leur rendre. elle nourrissent mes rêves. mais moi, quelle créativité puis-je donc leur rendre en retour ?
c'est pour ça, je crois, que j'ai besoin de partager et de créer avec les autres. je veux que nos imaginations interagissent ensemble, qu'elles communiquent et qu'elles se nourrissent les unes des autres. c'est pour ça aussi qu'il est difficile de trouver quelqu'un avec qui le faire. je crois, mais c'est peut-être arrogant, que chaque imagination n'est pas pareille à une autre. que certaines sont plus grandes, plus fortes, plus stimulées et nourries que d'autres. qu'elles dépendent de nombreux facteurs externes. mais je pense bien que chacune à ses chances de grandir et d'éclore. je ne pense pas qu'il y ai de limites à son épanouissement, seulement des obstacles.
je sais que hiérarchiser ainsi ne peuvent que me faire vivre dans l'insatisfaction. peut-être pourrait-on parler de différence ? de ce fait, chaque imagination aurait des interactions plus ou moins impactantes avec d'autres imaginations. est-ce qu'il s'agirait de savoir par quoi la notre est stimulée ? et par quoi elle le serait moins ? que cela expliquerait que notre environnement puisse nous sembler si stérile ?
en écrivant tout ça, je me rends également compte que toute cette imagination m'est primordiale pour me sentir exister. qu'elle fait partie de mon essence vitale. je ne veux pas redevenir jeune, je ne veux pas vraiment m'arrêter de grandir, et je le comprend maintenant que j'arrive à me construire à mon image. j'ai seulement l'impression que ce phénomène m'amène à perdre ma précieuse imagination. et que c'est cette perte qui aspire ma vitalité.
je pense bien aussi, que l'inaccessibilité de cet échappatoire en obsède plus d'un. sa recherche peut être dangereuse et pourrait bien nous perdre. mais n'est-ce pas le cas pour tout ce qui nous rend heureux ? ce texte s'avère être corrélé à un texte sur la recherche du bonheur, et je pense qu'il le peut puisqu'il est en est, selon moi, une composante importante.
je crois, murasaki, que j'ai encore un long chemin à parcourir pour pouvoir répondre à toutes ces questions. j'ai toujours peur de l'avenir mais beaucoup moins qu'avant. je n'avance ni nue, ni seule, et en prendre conscience a changé ma façon d'affronter le monde. alors je suis confiante, car ces réflexions me donnent espoir. si je tiens tant à ma créativité, à mon imagination et au pouvoir de l'imaginaire, comment pourrais-je les laisser tomber ? certes, c'est souvent compliqué là dehors, et la vie nous précipite parfois là où l'on ne voudrait pas être. mais l'imagination, elle, est à l'intérieur de nous, elle nous est intrinsèque et je ne pense pas qu'elle puisse disparaître. comme beaucoup d'autres choses, il suffit qu'on continue à l'alimenter, à la polir et la forger de mille manières. elle est l'une des faces du joyau qui est en nous. si tu tends l'oreille.
je crois, murasaki, que j'ai encore un long chemin à parcourir pour pouvoir répondre à toutes ces questions. j'ai toujours peur de l'avenir mais beaucoup moins qu'avant. je n'avance ni nue, ni seule, et en prendre conscience a changé ma façon d'affronter le monde. alors je suis confiante, car ces réflexions me donnent espoir. si je tiens tant à ma créativité, à mon imagination et au pouvoir de l'imaginaire, comment pourrais-je les laisser tomber ? certes, c'est souvent compliqué là dehors, et la vie nous précipite parfois là où l'on ne voudrait pas être. mais l'imagination, elle, est à l'intérieur de nous, elle nous est intrinsèque et je ne pense pas qu'elle puisse disparaître. comme beaucoup d'autres choses, il suffit qu'on continue à l'alimenter, à la polir et la forger de mille manières. elle est l'une des faces du joyau qui est en nous. si tu tends l'oreille.